Première vocation de l'abbaye : accueillir des religieuses
C'est à Charlotte-Flandrine de Nassau, abbesse du couvent des Bénédictines de Sainte-Croix de Poitiers, que l'on doit la fondation du prieuré (ou couvent) Sainte-Croix aux Sables-d'Olonne. La construction de cet édifice s'est effectuée de 1633 à 1639 sous l'impulsion de sa nièce et coadjutrice Catherine de la Trémouille. Le prieuré Sainte-Croix se compose alors de trois corps orientés Nord-Sud, dont le principal, « celui du milieu, long de 50 mètres environ, est en retrait sur sa face Est de deux mètres sur les deux autres. Du côté Ouest se trouve un cloître bordant l'ancien cimetière. Ses arcades, au nombre de huit sont distantes les unes des autres de 2,70 m. Elles ne portent aucun ornement et n'offrent aucun caractère artistique".
Le couvent, sous l'autorité d'une prieure, accueille en moyenne une trentaine de religieuses jusqu'à la Révolution.
À partir de 1790, convoité au même titre que d'autres biens nationaux, le couvent fait l'objet d'une surveillance étroite de la part des autorités municipales. Ces dernières, dans la délibération du 20 septembre 1792, ordonnent le départ définitif des soeurs avant le 1er octobre "en vertu de la loi du 17 août 1792 sur les maisons encore occupées par des religieuses".
De 1793 à 1960 : polyvalence du site
L'État s'empare alors de cette vaste propriété pour la transformer en hôpital militaire. C'est là que l'on va soigner de 1793 à 1800 "les blessés et les malades provenant des troupes républicaines employées dans la guerre de la Vendée".
Puis de 1804 à 1814, le "local des ci-devant bénédictines concédé à cet effet par le gouvernement" va servir à l'implantation d'une école Secondaire.
En 1808, l'Empereur Napoléon Ier décide le transfert de l'établissement scolaire pour y mettre à la place une caserne (Décret impérial du 8 août) mais le projet reste sans suite. Après la fermeture de l'école en 1814, les lieux servent d'entrepôt puis restent inoccupés.
En 1822, suivant l'Ordonnance royale du 7 août, la municipalité met l'édifice à la disposition de l'évêché de Luçon qui souhaite y établir un Séminaire. Celui-ci est partiellement détruit par un incendie dans la nuit du 26 au 27 octobre 1835. L'abbé Dalin, supérieur du petit Séminaire des Sables, profite alors des travaux de réparation pour faire construire une chapelle d'après les plans de l'architecte Firmin Lévêque. Celle-ci est consacrée le 17 août 1837. Le Séminaire est définitivement fermé en décembre 1906 en application de la loi sur la séparation des églises et de l'État.
En 1908, une partie du bâtiment est mise à disposition de l'autorité militaire pour y loger les régiments venant aux Sables exécuter des tirs de combat. La Ville loue l'autre partie à des colonies de vacances pendant la saison balnéaire. En 1913, la chapelle est démolie et les pierres sont réutilisées pour la construction de l'église Saint-Pierre.
Pendant la Première Guerre mondiale, l'ancien Séminaire sert de camp d'internement pour les prisonniers de guerre et de dépôt pour les Alsaciens-Lorrains. En 1916, les locaux sont mis à disposition de l'Armée. Les bâtiments sont ensuite occupés par le Centre de perfectionnement des sous-officiers d'Infanterie (CPSI).
La caserne est réquisitionnée par les troupes allemandes de 1940 à 1944, puis par les FFI de 1944 à 1945, date à laquelle elle prend le nom de "Caserne Colonel Machet". Par la suite, Odette Roux, maire des Sables, décide d'y implanter l'annexe du lycée mixte de La Roche-sur-Yon après que les bâtiments militaires soient définitivement remis à la ville le 15 septembre 1947. Le lycée va y demeurer jusqu'en 1960.
L'abbaye aujourd'hui, devenue centre culturel
Finalement, en 1961, afin de sauver définitivement ce patrimoine d'une éventuelle démolition, la municipalité de Michel Laurent décide de le transformer en Centre culturel. Ce dernier va accueillir le musée des Sables en 1964 et l'école de musique l'année suivante. Une salle est également attribuée au groupe folklorique "Le Nouch" de Léo David. La salle des Conférences vient compléter le Centre culturel en 1967.
Les travaux de restauration sont menés par les architectes sablais Maurice Durand et Henri Bertrand.
En 1967, la Ville entreprend les travaux de surélévation de l'aile sud afin d'y implanter la bibliothèque municipale qui est inaugurée le 20 février 1971.
En 1968, les façades et toitures de l'ensemble des bâtiments sont inscrites à l'inventaire supplémentaire des Monuments Historiques.
À la demande de la commission culturelle, la dénomination du "centre culturel" et du "musée" sous le vocable « Abbaye Saint-Croix » est adoptée dans la séance du Conseil municipal du 21 juin 1971.
Au début des années 1980, la municipalité engage le réaménagement des combles XXe du musée. Entre 1984 et 1988, c'est au tour des combles du XVIIe siècle d'être rénovés sous la direction de Jacques Boissière, architecte des Bâtiments de France.
En 1984, le Musée de l'Abbaye Sainte-Croix est classé 5ème musée d'art contemporain de France.
De l'autre côté, l'agencement des combles de l'aile sud permet le développement du secteur jeunesse de la Bibliothèque.
Dix ans plus tard, la ville des Sables s'attache à la restauration des arcades du cloître.
Tout récemment, le Conservatoire Intercommunal de Musique des Olonnes bénéficie de nouvelles salles de répétitions édifiées derrière le Centre culturel. La salle Émile Quéraud est inaugurée le 28 février 2009.
La salle de conférence est, quant à elle, entièrement réhabilitée durant l'hiver 2008-2009.
Les combles du XVIIè siècle
Le corps principal du bâtiment du Musée de l'Abbaye Sainte-Croix constitue la seule partie préservée de la construction d'origine. C'est le frère de la fondatrice, Henri de Nassau, qui aurait importé du Danemark le bois nécessaire à la charpente des combles.
Il s'agit d'une charpente atypique, datée du XVIIe siècle, probablement construite par des charpentiers de marine, et dite à chevrons portant fermes.
La caractéristique de celle-ci est en effet d'un procédé très archaïque résultant de l'absence de véritables fermes au profit de fermettes placées les unes à côté des autres, tous les 20 cm, en remplacement d'un véritable chevronnage. Cette charpente originale est dite « à entrait retroussé ». Elle est constituée de bois résineux équarris manuellement.
Cette configuration élégante confère aux combles du Musée "la forme d'une coque de navire renversée" mise en valeur par un éclairage discret.
Ces combles ont été aménagés en salle d'exposition et inaugurés le 4 mars 1989.
L'espace au sol est de 352 m² (longueur : 44 m ; largeur : 8 m), la hauteur sous les premières traverses est de 2,18 m, la hauteur des faîtages est de 5,50 m.
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