Odette était la fille d'Élysée Rousseau, secrétaire adjoint de l'état civil et de Diadéma Messie Rabillier. Ces derniers ont quitté La Chaume en 1908 avec leur fille pour aller tenter leur chance dans le commerce à Paris.
C'est par un heureux hasard que la future Florelle a débuté sur les planches à « La Cigale » où sa mère travaillait comme caissière. Ainsi, celle que l'on a surnommé plus tard la « Marlène Dietrich des années 30 », a joué au pied levé aux côtés de Raimu dans un spectacle intitulé « Le Marseillais et la Parigote » en 1910.
Puis sa rencontre avec le chanteur Jean Flor lors d'une tournée en Allemagne durant l'Été 1914 fut déterminante pour la suite de sa carrière artistique. C'est à cette époque qu'Odette a pris son fameux nom d'artiste : Florelle.
Pendant la Première Guerre mondiale, la chance lui a souri une nouvelle fois en lui faisant croiser la route de Mistinguett et de Maurice Chevalier, deux « étoiles » qui ont contribué à la lancer dans le Music-Hall.Dès lors, tout s'est enchaîné irrésistiblement pour notre jeune artiste chaumoise. Florelle va connaître ses premiers moments de gloire en 1925 lors d'une tournée prestigieuse en Amérique du Sud, en volant la vedette à... Mistinguett !
À son retour, l'année suivante, c'est au « Moulin Rouge » qu'elle triompha avec la reprise de la revue « Ça c'est Paris ». Son passage ensuite aux « Folies Bergères » va asseoir durablement sa notoriété. Tout le monde l'appelait alors « Mademoiselle Florelle du Moulin Rouge ».
Florelle a mené deux carrières de front : la première dans la chanson et la seconde au cinéma, tout en ayant une vie privée tumultueuse, ponctuée en 1934 par un mariage avec Pierre-Marcel Foucret, le fils du directeur du Moulin Rouge.
Côté artistique, sa discographie n'est pas négligeable comme en témoignent les 27 disques 78 tours enregistrés de 1927 à 1934, soit au total 54 chansons écrites par des paroliers de renom comme Jean Boyer, Jean Lenoir, Kurt Weill, Mireille ou Jacques Prévert.
Au cinéma, sa carrière est plus modeste, bien qu'elle tourna 49 films de 1919 à 1956, dont certains sous la houlette de grands réalisateurs comme Alexander Korda, Jean Renoir ou Fritz Lang. Florelle est surtout connue pour avoir tenu le rôle principal dans la version française de « l'Opéra de Quat'sous », sous la direction de Georg-Wilhelm Pabst, en 1931. Son rôle de Polly Pitchum, la fille du roi des mendiants, lui a valu d'excellentes critiques et lui donna son surnom de « fille joyeuse au regard triste ». Un autre rôle majeur fut celui de Fantine dans « Les Misérables » de Raymond Bernard, film sorti en 1934. Florelle joua aux côtés d'acteurs prestigieux comme Harry Baur, Albert Préjean, Jules Berry, Charles Boyer, Ginette Leclerc, etc.
Après la Seconde Guerre mondiale, elle tourna très peu et n'obtint que des petits rôles dans des films d'Yves Allégret et René Clément. Sa dernière apparition fut aux côtés de Jean Gabin dans « Le sang à la tête » de Gilles Grangier en 1956.
Elle se retira définitivement aux Sables dans les années 1950, époque où elle a tenu la guinguette « À l'Orée des Pins » dans la forêt de la Rudelière.
La fin de sa vie, partagée entre La Chaume et Juan-Les-Pins se déroula dans un relatif anonymat. Florelle est décédée le 28 septembre 1974 à l'hôpital de la Grimaudière à La Roche-sur-Yon. Enterrée dans le vieux cimetière de La Chaume sous le nom d'Odette Rousseau, cette ancienne étoile du Music-Hall aurait pu tomber définitivement dans l'oubli sans l'intervention d'un mystérieux admirateur, M. Niobey, qui fit apposer sur sa tombe une plaque gravée « Ici repose Florelle » en 1983.
Par la suite, une rue de La Chaume a été officiellement dénommée rue Florelle par délibération du Conseil municipal du 22 mars 1984.
En 1998, à l'occasion du centenaire de l'artiste, l'écrivain chaumois Jean Huguet et les « Veillées Chaumoises » célébrèrent en chansons la carrière de cette grande dame. Point d'orgue de cette commémoration, une plaque fut apposée au 34 quai Georges V avec l'inscription : « Ici est née Florelle (Odette Rousseau), le 9 août 1898 ».
Cette même année, Jean Huguet retraçait la vie de cette « étoile filante » dans un très beau livre intitulé « Florelle, la femme libérée », aux éditions Vents et Marais, tandis que le Musée de l'Abbaye Sainte-Croix lui consacrait une belle et émouvante exposition (voir Cahiers de l'Abbaye Sainte-Croix n° 56, 1998)
Retour
- Partager cet article