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« Heureux qui comme Ulysse »

Tribune de Yannick Moreau, maire des Sables d'Olonne.

" À l'heure où l'Union Européenne ballotée par les vents semble se chercher un cap, comment ne pas l'inviter à se tourner vers l'une des figures ancestrales de notre continent: Ulysse, ce héros légendaire et modèle des gens de mer, délaissant les sirènes d'un bonheur artificiel pour tracer patiemment le sillage d'où allait naître notre civilisation.

Ulysse c'est l'Europe et l'Europe c'est Ulysse. Le genou bien en terre et la tête dans les étoiles.

Une chanson de geste pour accomplir un destin plus grand que soi. Une soif d'aller de l'avant, de découvrir d'autres mondes sans jamais oublier d'où l'on vient ni renier qui l'on est.

Partir et revenir grandi.

Décennies après décennies, on a fait de l'Europe un vaste courant d'air entre deux océans. Un espace sans repères ni frontières, continent du laisser-faire, du laisser-passer, du laisser-aller. Une odyssée sans destinée.

À la question que posait le regretté Bernard Pivot à la fin de ses émissions: « quel homme ou femme pour illustrer un nouveau billet de banque ? », la technocratie européenne a répondu par des ronds dans l'eau, des ponts entre rien et rien, des portes ouvrant sur le néant... Comme maire des Sables d'Olonne, cité maritime millénaire, port de l'Aventure et du Vendée Globe, quant à moi je répondrai : Ulysse. Parce qu'il est l'homme aux mille tours, inventif, jamais désespéré, la figure européenne par excellence, l'une des plus belles incarnations de notre civilisation.

Voilà pourquoi la ville des Sables d'Olonne accueillera bientôt dans sa baie une statue d'Ulysse surgissant des flots, le regard au lointain et l'oreille aux aguets, les mains déliées du mât et les pieds bien ancrés.

Une œuvre figurative confiée au sculpteur contemporain Christophe Charbonnel.

Une statue qui a bien failli ne pas arriver à bon port, tant les vents contraires auront essayé - fait inédit - de la déboulonner avant même qu'elle ne soit posée !

Mais aux Sables d'Olonne, on aime les statues: statue de Saint Michel, plus solide que jamais ;

statue de Pierre Mauger,résistant déporté revenu de l'enfer, souriant désormais aux enfants du collège qui porte son nom; statue d'Ulysse, sentinelle de notre civilisation européenne, hommage à ceux qui ont ouvert des sillages, et message pour ceux qui viendront après nous.

Afin qu'ils se souviennent que quelque part, au premier quart du premier siècle du second millénaire, alors qu'autour d'eux un monde s'effondrait et ne voulait plus durer, quelques-uns croyaient encore que pour le sauver, ne restait que la beauté.

Car aux Sables d'Olonne, on aime aussi la beauté, les musées à ciel ouvert, les galeries de plein air...

Face aux esprits chagrins ennemis de la culture, ayatollahs du laïcisme qui déboulonnent les statues ; khmers verts qui éclaboussent de soupe l'imperturbable Joconde ; déménageurs des paysages qui n'ont rien à envier aux talibans, donnons la parole aux défenseurs de la beauté, cette dernière valeur des temps de crise :

René Char, poète sous la mitraille qui déclare : « Dans nos ténèbres, il n'y a pas une place pour la beauté. Toute la place est pour la beauté. »

Churchill, à qui l'on propose de couper dans le budget des arts pour participer à l'effort de guerre et qui répond, définitif : « Mais alors pourquoi nous battons-nous? ».

Dostoïevski, en prophète, qui proclame: « la beauté sauvera le monde ! ».

Voilà pourquoi, enfin, aux Sables d'Olonne, on aime

Ulysse. Parce qu'il est la figure d'une civilisation éprise de partance, de découverte de liberté autant qu'amoureuse de ses lieux, de ses liens, des intimités retrouvées. Parce qu'il est cette référence européenne par excellence, le héros à dimension humaine qui se tient à la proue du navire, plus puissant que les rêves d'empire, que les idéologies mortelles, que les faux dieux.

Il est à la fois le marin et le terrien, grec et universel, figure des gens de mer et des attaches, des grands départs et des belles arrivées.

Il est, depuis la Méditerranée, mais sur toutes les mers du monde, tous les rivages, tous les littoraux,

le héros d'une épopée fondatrice de notre culture et de notre civilisation occidentales, portant cette alchimie inédite de l'aventure et du retour, de l'odyssée et de la terre ferme, du grand large et de l'enracinement.

Héros de la liberté guidant les peuples, inspiration pour les générations futures, qu'il soit, en cette année où la flamme d'Olympie navigue jusqu'à

Paris, le visage d'une Europe qui se réconcilie avec elle-même. "

Yannick Moreau,
Maire des Sables d’Olonne

ULYSSE

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